Par Pierre Penin
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La Ville a acquis deux œuvres du sculpteur Steph COP.

Ce matin sera le temps formel du protocole : inauguration des statues installées devant et dans le centre aquatique de Sainte-Croix. Deux œuvres de Steph COP, artiste dont on comprend sans besoin de le connaître qu'il ne sera jamais friand de cérémonies officielles. Discret par nature. Certainement aussi par la conviction que ses créations en diront toujours plus et mieux que les discours qu'il pourrait broder. « Mon médium, ce ne sont pas les mots », assure-t-il.

Steph COP vous présente ARO. « Analyse, réflexe, obsessionnels », traduit-il. Ce personnage, cet « imaginary friend » (ami imaginaire), a surgi en 2000. Depuis bientôt douze ans, le sculpteur n'a de cesse d'explorer ARO, à travers les multiples avatars qu'il taille dans le bois, la résine, la porcelaine ou depuis peu, pour Bayonne, le béton (lire par ailleurs). « C'est sans fin. Le personnage évolue sans cesse. Un peu toujours le même, mais toujours différent. Un peu comme les gens. »

ARO est l'ultime figurine d'une série de six, « le point central ». « Ces personnages forment un cube. À l'intérieur c'est mon monde. Ce cube est une résonnance de moi-même. » Et ARO la plus fidèle projection de Steph COP. Celui-ci aime la figure géométrique. Le cube suggère un enfermement, mais rien de carcéral pour Steph COP. Plutôt un rempart.

Des figures refuges

Ce cube, ARO, s'apparentent pour lui à des figures refuges. « Ce travail vient de mes failles », consent-il. Il n'en dira pas plus, suggérera simplement quelque fracas ancien qui l'accompagne. Et a donné naissance à ARO. Cette œuvre le conduit en un havre. Symbolique, avec la figure du cube. Physique, dans le Morvan de ses origines où il s'est installé après ses tangages parisiens. « Je me retrouve dans un endroit que j'aime. Avec la forêt du Morvan. Je me suis posé avec le bois. Je cherche des arbres abîmés, morts, perdus. Je chine dans la forêt. C'est un temps important. Il faut observer, marcher, être attentif à la nature. »

La sculpture disposée dans le hall du centre aquatique provient d'un chêne monumental. « Il est tombé lors d'une tempête il y a 30 ou 40 ans. Ce tronc magnifique m'a donné quatre ARO de près de 500 kilos chacun. » Il a fallu le rencontrer. Il était « ancré » dans la nature, lié par buissons, mousses et racines. Lié par les décennies. Steph COP passe énormément de temps à regarder l'arbre, pour comprendre ce qu'il offre. « Il a des failles, lui aussi. » Il faut les respecter. ARO leur fait une place, les fait siennes. Il perpétue : « La sculpture est prolongement. Quand je vois ARO, je vois cet arbre qui avait peut-être 300 ans ou plus. »

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Projet

La Ville de Bayonne avait prévu, dès la conception du projet de centre aquatique à Sainte-Croix, une place pour la création. 40 000 euros étaient alloués à cet effet dans le budget initial de la piscine. La commune a fait appel au Centre d'art Spacejunk (rue Sainte-Catherine) pour lui suggérer un artiste. Steph COP s'est naturellement imposé. Il propose donc une œuvre en bois, qui se marie avec le bâtiment à haute qualité environnementale de la piscine et une, en béton, qui cligne de l'œil à la cité Breuer (la ZUP).